Assemblée Générale extraordinaire d’AREVA du 23 décembre 2010

Déclaration de l’administrateur CGT
dimanche 16 janvier 2011
popularité : 29%

Dans le plan de développement du 30 juin 2009, AREVA a prévu d’autofinancer ses besoins d’investissements et de réduire sa dette à hauteur de + 70 % notamment par des cessions d’actifs. A cela devait s’ajouter une augmentation du capital à hauteur de 15 % pour une valeur estimée de l’ordre de 3 Md€.

Le 17 décembre dernier, la cession au FSI des parts STMICROELECRONICS qui était elle aussi prévue dans ce plan, a été imposée et réalisée dans la précipitation par l’Etat contre l’intérêt social d’AREVA, en dévoyant l’objet social du FSI le nouvel acquéreur, en bafouant les règles élémentaires de gouvernance d’AREVA et les consultations préalables obligatoires des instances du personnel du CEA, alors qu’aucune urgence et besoin financier immédiat même de court terme ne se justifiaient, affectant au Groupe une perte économique de l’ordre de 100 M€ qu’il lui faudra combler dès 2011

Dans ce plan global qui était censé apporter 10 Md€ de capitaux propres, l’Etat ne soutient pas l’un de ses derniers fleurons pourtant voué à un avenir prometteur comme il avait pu le faire pour le secteur bancaire. Pis, l’Etat et le CEA prévoient en sus de céder à l’avenir jusqu’à 30 % du capital d’AREVA pour pouvoir financer le démantèlement des installations nucléaire du CEA, alors qu’initialement seulement 15 % étaient prévus.

Sur les trois investisseurs pressentis du projet initial, seul est resté le KIA pour 600 M€. L’Etat Français s’est décidé d’augmenter sa participation actuelle pour 300 M€, à la surprise générale. Ces 900 M€ de capitaux résultants de cette opération paraissent bien minorés au regard de la valorisation réelle d’AREVA et de celle des 20 Md€ annoncée le 30 juin 2009.

Autant l’ensemble des actifs industriels et financiers ont été vendues à des montants très honorables pour AREVA, autant l’Etat n’apparaît pas dans cette opération capitalistique comme le meilleur négociateur. Cela ressemble plus au final à une forme de bradage de circonstance de l’entreprise AREVA, des deniers publics. Cette valeur basse de 11,6 Md€ offerte à ces premiers investisseurs servira de prix de référence pour les suivants.

En ce qui concerne le KIA, aucune banque Française ou Européenne ne pouvaient répondre aux critères de l’Etat ? Le fait que celui-ci est resté seul dans la course n’a pu que l’installer dans une position de force pour dicter ses propres conditions.

L’Etat a donc décidé de participer à cette augmentation de capital alors qu’il s’y était toujours refusé jusqu’alors. C’est une bonne chose, sauf que son apport capitalistique est très nettement insuffisant au regard du total de ses participations directes et indirectes dans AREVA et au souvenir des trois milliards d’euros de dividendes perçus depuis la création d’AREVA.

Cette augmentation de capital a vécu bien des reculades et atermoiements à répétitions de part les nombreux décideurs politiques et des différents cercles d’influence, portant chacun respectivement leurs intérêts. Nous sommes bien éloignés de privilégier l’intérêt général d’une filière Française prometteuse. Ce projet apparaît vraiment avoir été concocté dans l’urgence alors que le Groupe AREVA bénéficie actuellement de 5,7 Md€ de produits de cessions et de 4,5 Md€ de ressources obligataires disponibles permettant de voir venir l’avenir sereinement pendant quelques temps.

Aussi, ce projet n’apporte qu’une réponse partielle aux réels besoins global de financement d’AREVA, et de la suite qui en sera donnée pour combler l’écart pour arriver aux 3 Md€ attendus initialement, faute de quoi des orientations et des investissements seront remis en cause indéniablement.

Il aurait été très certainement plus préférable d’apporter une réponse globale à l’avenir d’AREVA. La situation actuelle d’AREVA est dans un véritable imbroglio, nuisant indéniablement à son avenir, à son développement et aux emplois attendus.

Quid de la création d’un pôle minier, quid de la participation d’EDF au capital d’AREVA, quid d’autres investisseurs, combien et lesquels. Quid des parts AREVA qui seront cédées pour financer le démantèlement des installations du CEA à l’avenir. Et quelle est la finalité voulue en définitif dans tout ce lot de grandes manœuvres annoncées.

Il serait plus que temps de lever le voile sur toutes les incertitudes du périmètre du Groupe AREVA et de stopper la gestion pour le moins floue et chaotique de la filière. Soit d’en connaître concrètement enfin les tenants et aboutissants voulus par l’Etat actionnaire afin d’appliquer une réelle stratégie globale cohérente et vertueuse pour la filière nucléaire Française, respectueuse des intérêts de chaque entreprise concernée de ce secteur et des perspectives d’emplois que les citoyens et les salariés sont en droit d’attendre.

Cette augmentation de capital entrouvre la voie à une introduction en bourse du Groupe à travers une cotation des actions d’AREVA, et sans aucun doute un processus progressif de privatisation des activités du nucléaire en France. Je ne peux que m’opposer à un tel projet.